
Sœur Anne ne s’est jamais véritablement adaptée à la vie en communauté au sein du couvent où elle vit pourtant depuis vingt ans. Lorsque Mère supérieure la charge du patronage de Jeanne, une jeune postulante, se réveillent en elle des sentiments et des questions que la règle conventuelle lui avait fait oublier.
Bientôt, la relation entre les deux femmes dépasse le cadre de la formation. Jeanne est une bouffée d’air frais pour les religieuses. Mais elle bouleverse l’existence de Sœur Anne qui, à ses côtés, aperçoit la possibilité de ressaisir le sens de sa vocation et de se retrouver elle-même.
Quelle place reste-t-il pour l’affection et pour l’humanité quand entrer dans les ordres exige de se défaire de soi-même et de s’abandonner à Dieu ? Comment la communauté peut-elle comprendre que la délivrance de Sœur Anne, pour qui la foi ne suffit plus, repose entièrement sur sa relation avec Jeanne ?

Axelle a décidé de devenir Sœur Anne contre l’avis de ses proches. 20 ans après elle n’est plus certaine d’avoir pris la bonne décision car elle ne trouve plus dans cette vie consacrée à Dieu ce qu’elle pensait être venu y chercher. Beaucoup de questions peuplent son quotidien, la mère supérieure l’a même envoyée hors du couvent en espérant que ce mal être s’atténuerait. Vivre en communauté c’est oublier tout sentiment envers les autres, ces derniers ne devant être tournés que vers Dieu. L’arrivée de Jeanne, cette jeune femme prête à consacrer sa vie à Dieu va les rapprocher et réapprendre à Sœur Anne à être plus sereine. S’occuper de faire de Jeanne une sœur quasi exemplaire et digne de faire partie du couvent va illuminer ses journées et lui faire prendre conscience que la vie lui réserve encore des plaisirs.
En toile de fond, la religion omniprésente dans cette histoire mais cette dernière est surtout basée sur la renaissance et les sentiments amicaux entre deux femmes d’âge différent. L’une à l’expérience d’une vie consacrée à Dieu et l’autre a encore l’insouciance et la luminosité de la jeunesse. Ces deux femmes ont besoin, en plus de passer des moments ensemble, d’échanger des mots et même de les coucher sur le papier cela est plus profond, et les écrits restent.
Les espaces clos l’étouffent Sœur Anne s’est éteinte. Elle n’est plus qu’un habit, une robe, un voile, une paire de chaussures. Trop lourde pour rejoindre le ciel, trop légère pour rester sur terre. Une créature hybride et blessée. Ni femme ni ange.
Claire Conruyt nous offre ici un premier roman très touchant. Son écriture est à la fois poétique et très addictive. Les sentiments, les états d’âme sont parfaitement retranscris. « mourir au monde » est un moment de lecture agréable, qui nous donne une vision plus humaine de celles qui vivent dans un couvent. C’est avant tout une histoire d’amitié, particulière et emplie d’émotions.
Mourir au monde – Claire Conruyt – août 2021 – 9782259306362 – Editions Plon